mercredi 20 juin 2007

Cure de sevrage basée sur la stimulation neuro-électrique: Doit-on y croire?

Être en mesure de se sevrer rapidement et sans douleur est le but de bon nombre de personnes dépendantes des opioïdes, qu'elles soient dépendantes d’un opioïde illégal ou d’une médication de substitution.
Certains sont mêmes prêts à tout essayer pour y parvenir. Or, les offres de recettes magiques en la matière sont nombreuses et semblent plus alléchantes les unes que les autres. Il y a quelques jours, une clinique suisse faisait la promotion d’une méthode de sevrage novatrice qui, en gros, consiste à stimuler la production d’endomorphines pour faciliter le sevrage.
Cette méthode est-elle validée scientifiquement? Comporte-t-elle des risques? Le prix de cette intervention est-il justifié?
Telles sont les questions autour desquelles je vous invite à débattre.

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Bonjour,
J'ai lu l'article et je suis allé sur le site d'Adicta. Il y a une vague description de l'approche en anglais. Il y a un renvoi à de l'information scientifique en allemand mais qui ne semble pas avoir été publiée dans un journal avec un comité de pairs.
Il est très clair que l'on tente de vendre des licences pour exploiter l'approche.
En Suisse, le coût d'un traitement de 5 jours est de 1800 euros. Peut-être qu'un de nos collaborateurs germanophone pourrait réviser l'info scientifique disponible sur le site et voir si un article a été publié dans une bonne revue.
Je me méfie des solutions miracles couteuses et ceci me semble surtout une entreprise commerciale.
À bientôt,

Pierre Lauzon,
Médecin au Centre de recherche et d’aide pour narcomanes
Montréal,
Membre du comité de gestion du contenu du Portail francophone d’appui aux professionnels, pour l’avancement des traitements de substitution.

Anonyme a dit...

Pour cette méthode "escape", à première vue, cela me suggère trois commentaires:

1. Une méthode de sevrage reste toujours une méthode de sevrage et pas plus. Il existe déjà une autre méthode "sans douleur", l'urod. Elle a l'avantage de permettre que 100% des sevrages entrepris soient menés à terme, puisqu'elle se déroule sous anesthésie générale. Elle peut avoir un intérêt dans des cas bien sélectionnés, mais elle a déjà aussi occasioné des déconvenues et un sentiment d'échec sévère à quelques uns de mes patients qui ont rechuté après avoir recourru à cette méthode.

2. A ces limites près, il me semble que c'est moins le sérieux scientifique de la méthode escape qui est à questionner que les intentions non dénuées d'arrières-pensées lucratives de l'auteur ... Si je comprends bien, il entend n'accorder qu'une licence par pays européen, de préférence à une seule personne (il y a de grandes chances qu'il ne sélectionne pas ma candidature s'il lit ceci). Il parle de nos "clients", pour ma part je m'occupe de "patients". Et si le travail scientifique doit lui aussi être rémunéré à sa juste valeur, tabler sciemment sur le bénéfice à escompter du fait de réserver une thérapeutique à une petite frange de patients solvables me paraît très discutable.

3. Naturellement, le cadre de son expérience opère un très fort biais de sélection (ce dont il ne se cache pas) des patients et infléchit très certainement les résultats dans un sens favorable à la méthode.

Bien à vous,

Dr Jerry Wérenne,
Médecin directeur
Lama asbl
Ixelles (Bruxelles), Belgique
Membre du comité de gestion du contenu du Portail francophone d'appui aux professionnels, pour l'avancement des traitements de substitution.