lundi 20 août 2007

Politique de réduction des méfaits au Canada

Au Canada, même si cette approche compte des opposants, la réduction des méfaits est une stratégie qui reçoit un consensus de plus en plus large. En effet, les preuves scientifiques du bien fondé de cette approche sont nombreuses et peu contestées, et l'on constate régulièrement que la population générale se montre plutôt favorable aux mesures de réduction des méfaits, comme en témoigne le sondage réalisé en Colombie-Britannique, mettant en évidence l'appui populaire au maintien des activités d'Insite.
Bien entendu, il y a un revers à la médaille, et celui-ci s'avère être un revers moral. En effet, rien d'autre qu'un conflit de valeur ne peut justifier l'acharnement de l'actuel gouvernement du Canada à vouloir à tout prix mettre la clef sous la porte du seul site d'injection supervisé en Amérique du Nord, alors que de nombreuses études démontrent les impacts positifs de cette initiative, y compris sur la diminution de l'usage de drogues.
L'idée que toute mesure visant à réduire les méfaits liés à l'usage de drogues constitue un incitatif à l'usage de drogues semble tenace et bien présente à l'esprit de nos actuels dirigeants. Pour mémoire, c'est exactement ce type de procès que l'on faisait aux premiers sites d'échange de seringues visant à endiguer la pandémie du Sida chez les usagers de drogues par voie intraveineuse. Or, plus de vingt ans plus tard qui oserait aujourd'hui remettre en question ce type de mesures?
Accroître les moyens alloués à la repression du trafic n'a que peu d'impact sur l'usage et les méfaits qui en découlent. D'ailleurs, un partie importante des usages de drogues problématiques, n'est-elle pas le fait d'usages de drogues légales (tabac, alcool, médicaments opioides détournés de leur usage thérapeutique, etc.)
Or, quel est le rôle d'un gouvernement? Faire valoir ses idéaux et les intérêts de ses représentants ou servir le bien commun? Si, comme je le crois, la réponse est dans la seconde partie de ma question, c'est sans conteste en permettant à Insite de maintenir ses activités salutaires que l'actuel gouvernement du Canada remplira le mieux sa mission.