jeudi 1 novembre 2007

À quand le Suboxone® disponible au Québec?

Alors que le Collège des médecins de l’Ontario est d’ores et déjà en train de préparer la mise sur le marché prochaine du Suboxone®, au Québec, bien que disposant de peu d’informations officielles sur le sujet, il semble que cette nouvelle médication ne sera pas disponible en pharmacie avant le mois de juin 2008, au plus tôt.
En effet, pour des raisons qui nous sont inconnues, le Suboxone® n’a pas encore été soumis, par la compagnie Schering, à l’approbation du Conseil du médicament et ne pourra donc être inscrit sur la liste des médicaments avant juin 2008.
Il est par ailleurs fort probable que le Collège des médecins du Québec exige, tout comme son homologue ontarien, que les médecins souhaitant prescrire cette nouvelle médication suivent une formation spécifique. Pour l’instant, aucune formation en français ne semble avoir été accréditée par un organisme habilité, ce qui, si xce dossier n'avance pas dans les mois qui viennent, pourrait retarder la possibilité de prescrire ce médicament.
Nous ne disposons par ailleurs pas d’informations fiables sur les modalités de délivrance prévues pour cette médication. Il semble toutefois que Santé Canada exige une délivrance supervisée alors que l’un des avantages majeurs du Suboxone® est qu’il présente peu de risque de surdosage et peu de risque de dispersion.
En l'absence de conditions de délivrance plus souples il est probable que, tant les patients que les pharmaciens, se montrent réticents à l'utilisation du Suboxone®.
Dossier à suivre!!!

mardi 9 octobre 2007

Que comprendre de la nouvelle Stratégie canadienne antidrogue

Depuis son dévoilement, le 4 octobre dernier, la nouvelle stratégie antidrogue du gouvernement Harper n’a cessé de défrayer la chronique, plus vivement critiquée par les uns que par les autres.
Bien que l’on n’en connaisse pas encore tous les détails, on sait d’ores et déjà que cette stratégie s’appuiera sur trois axes principaux : le traitement (32 millions de dollars), la répression (21 millions) et la prévention (10 millions). En effet, tel que l’on pouvait s’y attendre compte tenu des positions idéologiques exprimées précédemment par le gouvernement à cet égard, les mesures visant à la réduction des méfaits liés aux usages de drogues, sont complètement absentes de la nouvelle stratégie gouvernementale.
Or n’en déplaise à monsieur Harper, les coûteuses mesures répressives, certes nécessaires pour limiter le trafic international laissé aux mains du crime organisé, n’ont jamais permis de réduire suffisamment l’offre de drogues pour avoir un impact significatif en termes de diminution de l’usage. La prohibition a plutôt eu des effets délétères sur la qualité des drogues disponibles ainsi que sur leurs conditions d’acquisition et d’administration, conduisant les usagers à s’exposer à des risques accrus. En effet, depuis le début du 20e siècle, les sociétés occidentales se sont organisées pour interdire production, trafic, détention et même usage de nombreuses drogues et ce, sans grand succès. Le bilan de la prohibition est malheureusement assez clair : depuis la première législation sur le trafic de l’opium en 1908 au Canada, l’usage de drogues n’a cessé de croître à l’échelle mondiale et les différentes lois nationales et conventions internationales qui ont suivi n’ont à peu près rien changé à cet état de fait. Aussi, est-il permis de douter de la pertinence d’investir 21 millions supplémentaires pour des mesures que l’on sait, dès le départ, inefficace. De plus, il est bon de rappeler que le gouvernement Harper nous propose d’instaurer des peines d’emprisonnement systématiques pour punir les délits en matière de stupéfiant. Or, nos prisons débordent déjà! Est-il nécessaire de les surcharger un peu plus pour incarcérer des petits revendeurs de drogues, lorsque l’on sait que le coût d’une incarcération est environ de 60 000$ par année?
L’investissement de 42 millions en traitement et prévention est bien entendu, a priori, une bonne nouvelle. Toutefois, une question de taille demeure : quelle sera la nature des programmes de soin et de prévention que ces sommes vont permettre de mettre sur pied. Si l’on se fie à la teneur des propos du premier ministre qui veut mettre le Canada « sur le chemin de la guérison », il est fort probable que les programmes qui découleront de ces annonces soient fortement teintés par les attentes gouvernementales visant l’abstinence comme objectif thérapeutique pour tous et, en termes de prévention, la diffusion de messages sensibilisant les jeunes sur les dangers et le caractère illégal de l’usage de la marijuana et du cannabis.
À ce chapitre, certains vont prétendre que la mise en œuvre des projets de soin et de prévention sera confiée à des organismes indépendants et reposera sur les données scientifiques récentes. Or, si l’on se fie à l’attitude du gouvernement du Canada dans le dossier d’Insite, le site d’injection supervisé de Vancouver, il est raisonnable de penser que seuls les projets adhérant à l’idéologie gouvernementale seront financés et ce, quelle que soit la nature des données probantes.
Pour finir, il est déplorable de constater que de façon purement arbitraire le gouvernement actuel écarte du revers de la main l’approche de réduction des méfaits qui pourtant, preuves scientifiques à l’appui, contribue de façon importante à l’amélioration du niveau de santé des usagers de drogues et par là même, à la promotion de la santé publique.
L’usage de drogues fait partie de la vie des êtres humains que nous sommes et nourrir l’espoir de l’éradiquer relève de la plus douce utopie, fut-elle à caractère sécuritaire. Ne pas consommer de drogues est très certainement la seule façon de me pas s’exposer aux risques qui peuvent en découler et devenir abstinent est très certainement la seule solution pour ne plus s’exposer à ces risques lorsque l’on a développé une dépendance. Cependant, compte tenu de divers facteurs biopsychosociaux, nous ne sommes pas tous égaux face à cette réalité. En raison de cette inégalité, certains développent des dépendances et ne sont pas en mesure de cesser leur usage de drogues, du moins pas dans leur contexte de vie actuel.
Si je comprends bien la logique du gouvernement Harper, un pays riche et moderne comme le Canada, devrait se désolidariser de ses citoyens les plus vulnérables et les condamner à s’exposer aux risques liés à leurs usages de drogue puisqu’ils ne sont pas en mesure d’y renoncer. Par ailleurs, si pour financer leur consommation, ces mêmes personnes ont recours à la revente de drogues, on n’hésitera pas à les envoyer en prison ce qui devrait les « guérir » de leurs maux. Avec tout l’effroi que cela suppose, cette position me renvoie à celles adoptées au début du siècle par les ligues de tempérance. Quel recul!

Pour conclure, au regard de l’interventionnisme vertueux du gouvernement Harper en matière de lutte à la drogue, je m’étonne de son inaction s’agissant de limiter le phénomène croissant qu’est l’abus de médicaments d’ordonnance et autres drogues légales. En effet, la nouvelle stratégie antidrogue semble focaliser sur l’abus de drogues illégales alors qu’en matière de santé publique, le problème de l’abus de substances légales (alcool, tabac, etc.) et de médicaments détournés de leur usage thérapeutique est, de loin celui qui a le plus d’impact en termes de coûts sociaux, de mortalité, de morbidité, etc.

lundi 20 août 2007

Politique de réduction des méfaits au Canada

Au Canada, même si cette approche compte des opposants, la réduction des méfaits est une stratégie qui reçoit un consensus de plus en plus large. En effet, les preuves scientifiques du bien fondé de cette approche sont nombreuses et peu contestées, et l'on constate régulièrement que la population générale se montre plutôt favorable aux mesures de réduction des méfaits, comme en témoigne le sondage réalisé en Colombie-Britannique, mettant en évidence l'appui populaire au maintien des activités d'Insite.
Bien entendu, il y a un revers à la médaille, et celui-ci s'avère être un revers moral. En effet, rien d'autre qu'un conflit de valeur ne peut justifier l'acharnement de l'actuel gouvernement du Canada à vouloir à tout prix mettre la clef sous la porte du seul site d'injection supervisé en Amérique du Nord, alors que de nombreuses études démontrent les impacts positifs de cette initiative, y compris sur la diminution de l'usage de drogues.
L'idée que toute mesure visant à réduire les méfaits liés à l'usage de drogues constitue un incitatif à l'usage de drogues semble tenace et bien présente à l'esprit de nos actuels dirigeants. Pour mémoire, c'est exactement ce type de procès que l'on faisait aux premiers sites d'échange de seringues visant à endiguer la pandémie du Sida chez les usagers de drogues par voie intraveineuse. Or, plus de vingt ans plus tard qui oserait aujourd'hui remettre en question ce type de mesures?
Accroître les moyens alloués à la repression du trafic n'a que peu d'impact sur l'usage et les méfaits qui en découlent. D'ailleurs, un partie importante des usages de drogues problématiques, n'est-elle pas le fait d'usages de drogues légales (tabac, alcool, médicaments opioides détournés de leur usage thérapeutique, etc.)
Or, quel est le rôle d'un gouvernement? Faire valoir ses idéaux et les intérêts de ses représentants ou servir le bien commun? Si, comme je le crois, la réponse est dans la seconde partie de ma question, c'est sans conteste en permettant à Insite de maintenir ses activités salutaires que l'actuel gouvernement du Canada remplira le mieux sa mission.

mercredi 27 juin 2007

France : la méthadone en gélule bientôt disponible

Alors que le trafic de buprénorphine fait régulièrement la manchette ces dernières semaines, les autorités sanitaires françaises semblent s’apprêter à prendre la courageuse décision d’autoriser l’utilisation de la méthadone sous forme de gélule, dans le cadre du traitement de la dépendance aux opioïdes.
Bien que tout à fait fondée sur le plan clinique, cette décision me semble en effet courageuse! Malgré le fait que l’utilisation de gélule de méthadone semble encadrée par plusieurs critères restrictifs, cette forme galénique présente toutefois des risques de détournement potentiels plus élevés que la méthadone sous forme de sirop.
Sur le plan clinique, l’utilisation de méthadone sous forme de gélule permettra vraisemblablement à des patients stabilisés, aptes à gérer leur médication, de recevoir leur traitement sous une forme dont la gestion sera moins contraignante, dont moins stigmatisante. Celle-ci permettra par ailleurs de contrecarrer certains effets indésirables de la méthadone sous forme de sirop.
Évidemment, les risques de détournement existent, mais tout semble avoir été fait pour les contrôler de façon optimale.
Accepter de prendre ces risques n’est-il pas nécessaire si l’on souhaite favoriser la rétention en traitement, à long terme, des personnes dépendantes des opioïdes ?

mercredi 20 juin 2007

Cure de sevrage basée sur la stimulation neuro-électrique: Doit-on y croire?

Être en mesure de se sevrer rapidement et sans douleur est le but de bon nombre de personnes dépendantes des opioïdes, qu'elles soient dépendantes d’un opioïde illégal ou d’une médication de substitution.
Certains sont mêmes prêts à tout essayer pour y parvenir. Or, les offres de recettes magiques en la matière sont nombreuses et semblent plus alléchantes les unes que les autres. Il y a quelques jours, une clinique suisse faisait la promotion d’une méthode de sevrage novatrice qui, en gros, consiste à stimuler la production d’endomorphines pour faciliter le sevrage.
Cette méthode est-elle validée scientifiquement? Comporte-t-elle des risques? Le prix de cette intervention est-il justifié?
Telles sont les questions autour desquelles je vous invite à débattre.

mardi 19 juin 2007

Traitement de substitution : Comment gérer les risques de dispersion de la médication?

Dans le numéro du mois de mai 2007 du Bulletin francophone d’information sur les traitements de substitution, je consacrais mon éditorial à la question de la gestion des risques de dispersion des médications de substitution.
En effet, parallèlement à ses retombées positives en matière de santé publique, le déploiement à grande échelle des traitements de substitution aux opioïdes dans de nombreux pays industrialisés donne lieu au détournement d’un volume important des médications utilisées, qu’il s’agisse de la buprénorphine ou de la méthadone.
À titre d’exemple, divers articles parus dans la presse au mois de mai décrivaient l’émergence d’un trafic international de buprénorphine.
Face à ce phénomène, la tendance des autorités à vouloir resserrer les contrôles imposés aux personnes en traitement de substitution afin de minimiser la dispersion des médications se fait forte. Or, on peut douter de la pertinence de telles mesures ainsi que de leur efficacité. Il est par ailleurs possible de craindre qu’un plus grand contrôle nuise à la rétention en traitement de bon nombre de patients qui, pourtant, tirent un important bénéfice de leur traitement de substitution et ne sont en rien associés à ces trafics.
Dans un tel contexte, que faut-il faire pour améliorer la situation qui se dessine? Le débat est ouvert!

Pour lire l’éditorial du Bulletin francophone d’information sur les traitements de substitution (Vol 1, No 4 – avril 2007)

jeudi 14 juin 2007

Ouverture d'un blog sur les traitements de substitution aux opioides

Le traitement de la dépendance aux opioïdes avec une médication de substitution est l’une des interventions médicales dont l’efficacité est la mieux documentée. Paradoxalement, cette modalité de traitement demeure mal perçue, tant par le grand public que par de nombreux professionnels de la santé et des services sociaux.
L’ouverture de ce blog, se rajoutant aux différents moyens de communication rattachés au Portail francophone d’appui aux professionnels, pour l’avancement des traitements de substitution, (publication de nouvelles, newsletter, etc.) a pour objectif de créer un espace de discussion sur la dépendance aux opioides et son traitement.
J’utiliserai donc ce blog pour publier régulièrement mes commentaires sur l’actualité qui marque notre champ d'étude et vous invite, dès aujourd’hui, à venir contribuer à notre réflexion collective.
Au plaisir de vous lire bientôt.