mardi 12 février 2008

Sites d’injection supervisés en Amérique du Nord : Est-il possible de multiplier les initiatives?

Est-il encore nécessaire de le rappeler, en Europe comme en Amérique du Nord, la démonstration des nombreux impacts positifs des sites d’injection supervisés a largement été faite. Il est par ailleurs bien clair, et les consultations organisées début février 2008 à Vancouver nous l’ont confirmé, qu’une grande majorité des professionnels œuvrant dans le domaine de l’intervention auprès de personnes vivant des problèmes de dépendances reconnaissent quasi unanimement la pertinence de ce modèle d’intervention en matière de réduction des méfaits.
On constate également aujourd’hui que les autorités politiques locales, ayant la responsabilité de trouver des solutions permettant de gérer adéquatement les différents problèmes soulevés par les pratiques d’injection de drogues qui, faute de mieux, ont l’espace public comme toile de fond, sont de plus en plus nombreuses à voir dans les sites d’injection supervisés une bonne réponse aux difficultés rencontrées.
Nous bénéficions donc de tous les éléments requis pour aller de l’avant.
En effet, au regard des expériences menées, entre autres en Suisse où les premiers « lieux de consommation contrôlés » ont vu le jour il y a près de 25 ans, et de l’évidence scientifique, toutes les grandes villes d’Amérique du Nord comptant une masse critique suffisante d’usagers de drogues par injection devraient se munir de tels dispositifs. Or, Insite demeure le seul et unique modèle du genre en Amérique du Nord.
Bien entendu, pour que de tels projets voient le jour il faut qu’ils soient amenés sur la place publique par un porteur de projet crédible et supportés par une majorité, ce qui n’est pas toujours le cas. Au Canada, il faut également que le gouvernement fédéral accepte de donner les exemptions à la loi qui sont nécessaires pour exercer une telle activité.
Or, malgré l’évidence scientifique et les nombreuses pressions, l’actuel gouvernement du Canada campe sur des positions d’hostilité à l’égard des sites d’injection supervisés. Le premier ministre Harper est même allé jusqu’à supprimer toute référence aux actions visant la réduction des méfaits dans la nouvelle stratégie canadienne antidrogue (Pour en savoir plus sur la politique canadienne antidrogue).
Dans un tel contexte, je vois mal comment de nouveaux projets de sites d’injection supervisés tels ceux supportés par le maire de Victoria (Colombie-Britannique, Canada) pourraient voir le jour tant que le gouvernement conservateur de Stephen Harper, pourtant minoritaire, sera en place!
À ce sujet, j’invite ceux d’entre vous qui lisent l’anglais à prendre connaissance d’un article très pertinent paru le 10 février dans le Times Colonist.