Dans le deux dernières années, il faut bien concéder que les positions radicales du gouvernement du Canada à l’égard de l’approche de réduction des méfaits - positions dont la saga du renouvellement de l’autorisation permettant au site d’injection supervisé de Vancouver de poursuivre ses activités, est un éloquent exemple – contribuaient à ternir l’horizon en la matière. Il semblait en effet difficile pour le Québec d'envisager l'ouverture de sites d’injection supervisé alors que le gouvernement fédéral, responsable de l’application de la loi réglementant certaines drogues et autres substances, et donc des exemptions qui y sont accordées, était complètement opposé à ce type de projet. En effet, depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement conservateur de Stephen Harper n’a qu’une idée en tête : fermer, Insite, le seule site d'injection supervisé en Amérique du Nord, en ne renouvelant pas les exemptions à la loi qui avaient été accordées par le gouvernement précédent.
Or en quelques jours, tout semble avoir basculé.
La Cour suprême de Colombie-Britannique a déclaré inconstitutionnels certains articles de la loi canadienne sur les drogues, jugeant qu’Insite n’a pas besoin d’exemption pour poursuivre ses activités, mais, qu’au contraire, le gouvernement doit réécrire la loi afin que celle-ci ne contrevienne plus à la Charte canadienne des droits et libertés. Voir notre article à ce sujet.
Aussi, on ne peut que se féliciter du moment choisi par le gouvernement du Québec pour faire connaître son intention d’ouvrir, au cours des quatre prochaines années, des sites d’injection supervisés dans les principales régions du Québec, emboîtant ainsi le pas au pays les plus avant-gardistes en matière de réduction des méfaits.
Pour notre part, nous applaudissons cette décision audacieuse, mais nous demandons jusqu’à où le gouvernement est prêt à aller dans une approche pragmatique de réduction des méfaits liés à l’usage de drogues?
En effet, en juin prochain, l’expérimentation clinique du projet NAOMI, projet de recherche visant à évaluer l’efficacité d’un traitement avec prescription d’opioïde injectable sous supervision, destiné à des personnes ayant échoué avec d’autres modalités de traitement, prendra fin (pour plus de détail sur NAOMI, cliquez ici).
Aussi, nous espérons que le gouvernement du Québec tiendra compte de l'évidence scientifique et intègrera le projet NAOMI au continuum des services offerts aux personnes dépendantes des opioïdes.